Allergies alimentaires
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Publié le 5min

Les allergies alimentaires

Compte tenu de leur fréquence qui ne cesse de progresser et de leur dangerosité, les allergies alimentaires se classent au rang des grandes questions de santé publique. La prévalence de l’allergie alimentaire (nombre de malades englobant les cas nouveaux et anciens) serait actuellement comprise entre 2 et 3% dans la population adulte européenne et nord-américaine et entre 5 et 8% chez l’enfant. L’OMS classe les allergies alimentaires comme la 4e maladie chronique dans le monde. Pourquoi, comment devient-on allergique ? Comment dépister et vivre au quotidien avec des allergies alimentaires ?

Distinguer l’allergie, l’hypersensibilité et l’intolérance alimentaire

La première grande différence est que l’allergie peut être mortelle, l’hypersensibilité et l’intolérance n’entrainent aucun risque vital.

L’allergie

Dite allergie de type 1 est une réaction du système immunitaire. Elle se développe en deux phases. Il y a d’abord une sensibilisation, sans aucun symptôme. L’absorption d’un aliment va générer la production d’immunoglobulines (IGE) qui sont des anticorps. Ils vont se diffuser dans l’organisme et rendre anormalement et exagérément certaines cellules de l’immunité sensibles et réactives à l’allergène (l’allergène ingéré est encore appelé trophallergène). Au lieu de tolérer l’aliment, l’organisme le considère comme un intrus. Lors des ingestions ultérieures, il va sécréter des histamines et déclencher, rapidement, les réactions allergiques, plus ou moins violentes, au niveau de la peau ou de l’appareil respiratoire.

L’hypersensibilité alimentaire

Dite allergie de type 3, est aussi une réaction du système immunitaire, mais différente de la précédente (pas de sécrétion d’IgE mais parfois IgA ou IgG). Les réactions, qui peuvent se déclarer jusqu’à 3 jours après l’ingestion, sont surtout localisées au niveau du tube digestif.

L’intolérance alimentaire

Elle ne résulte pas d’un dérèglement de l’immunité, mais d’un trouble de la digestion. Le travail de digestion met en œuvre des enzymes digestives particulières. Si elles sont absentes ou en trop faible quantité, certains composants alimentaires ne pourront pas être utilisés correctement. Des réactions vont apparaître et toucher le système gastro intestinal, avec des douleurs abdominales, des diarrhées, des gaz, ballonnements, des migraines et autres inconforts. L’exemple typique est l’intolérance au lait, plus précisément au lactose (sucre du lait) qui, à défaut de lactase, l‘enzyme qui permet sa digestion, ne pourra être toléré. Les yaourts peuvent en revanche être acceptés car ils disposent, du fait de leur fermentation, de leurs propres enzymes. Les intolérances se rencontrent aussi fréquemment avec les aliments riches en histamine (boissons fermentées, vin, certains fromages, etc.), ou provoquant la libération d’histamine (fraises, blanc d’œuf, tomates, etc.), ou riches en tyramine (chocolat, certains fromages, etc.).

L’histamine et la tyramine sont des molécules issues de la dégradation des aliments au cours de la digestion. D’autres substances peuvent aussi être à l’origine d’intolérances.

Les allergies croisées

Il existe aussi des allergies croisées : lorsque des produits tout à fait différents provoquent une même réaction allergique, en raison de la présence de protéines qui se ressemblent dans lesdits produits (par exemple œuf et volaille, sésame et kiwi, etc.).

 

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Pourquoi est-on allergique ?

On peut pointer plusieurs facteurs :

  1. Avoir un parent allergique accroit le risque de 50%
  2. La baisse de l’allaitement : le lait maternel apporte tous les nutriments. Il contient des molécules qui activent la maturation des cellules de l’intestin et des anticorps. L’effet barrière de la muqueuse et de ses cellules immunitaires, contre des agents potentiellement déclencheurs d’allergies est renforcé. Il a un réel effet protecteur mais pas non plus toujours systématique.
  3. La diversification précoce serait aussi un facteur de risque.
  4. Les comportements de consommation :
    1. avec les produits exotiques, que nos organismes d’occidentaux ne reconnaissent pas, comme les kiwis, le sésame (les professionnels de santé naturelle disent que nous devrions manger les produits issus de la terre sur laquelle nous sommes nés).
    2. avec les produits industrialisés qui contiennent des allergènes masqués, comme par exemple le blanc d’œuf, la poudre de lait, etc. Présents dans de nombreuses préparations, ils sont surconsommés, augmentant potentiellement la sensibilisation.
    3. L’aseptisation très importante de l’environnement de l’enfant pourrait être aussi un facteur.

Comment diagnostiquer l’allergie ?

C’est la tâche de l’allergologue. La complexité tient au fait que le lien entre symptômes et alimentation n’est pas toujours évident, d’autant plus que les symptômes ne se posent pas forcément sur le système digestif. Ils peuvent être très divers, de même que les mécanismes immunologiques qui les induisent. La recherche de l’allergie alimentaire est médicalement plutôt bien standardisée, et adaptée à l’allergène suspecté. Deux catégories d’éléments sont à considérer : cliniques et biologiques.

Les signes cliniques de l’allergie alimentaire

L’enquête alimentaire avec questionnement et tenue d’un journal alimentaire peut tout simplement mettre en évidence une alimentation déséquilibrée, par exemple trop riche en histamine, en aliments transformés, incluant de nombreux additifs.

Des examens tests cutanés : ils consistent à faire pénétrer au niveau de la peau une goutte d’allergène et observer, après 15 minutes, les réactions. L’épaississement et le durcissement de la peau à l’endroit de la piqure rend le test positif, sans toutefois permettre de distinguer l’allergie de la sensibilisation.

L’éviction des aliments riches du/des allergènes soupçonnés peut permettre de confirmer les tests.

Le test de provocation est, si nécessaire, pratiqué à l’hôpital en raison de sa dangerosité : il peut potentiellement induire une réaction anaphylactique (réaction potentiellement mortelle).

Les signes biologiques de l’allergie alimentaire

Un examen sanguin consiste à mesurer le niveau des anticorps sécrétés : les immunoglobulines E, qui sont les IgE spécifiques pour faire face à l’aliment perçu comme dangereux. Pour le lait, les œufs, le poisson et l’arachide, cette mesure est fiable à environ 95%. Pour les autres aliments, ils le sont moins. Ils peuvent être positifs sur la base d’une sensibilisation sans allergie clinique, avec symptômes.

Quand faut-il s’interroger sur l’allergie alimentaire ?

L’alarme est donnée par divers symptômes, au plus dans les 4 heures qui suivent la prise alimentaire, à l’exception des formes digestives qui se manifestent tardivement, ou de l'eczéma, qui peut être durable. Il peut y avoir des signes immédiats et retardés, et tous les organes peuvent être touchés :

  • Digestifs : diarrhées, sang dans les selles, vomissements, refus de s’alimenter chez les enfants, faible prise de poids chez le nourrisson, constipation, douleurs abdominales.
  • Respiratoires et oculaires : gêne, sifflements, toux, rhinite, conjonctivite.
  • Cutanés : eczéma, urticaire, œdème.

Il peut y avoir des formes graves avec gêne, voire détresse respiratoire et urgence médicale, comme avec l’asthme aigu grave, l’angio-œdème laryngé, le choc anaphylactique, l’œdème de Quincke nécessitant l’injection d’adrénaline. L’adrénaline permet le resserrement des vaisseaux sanguins pour augmenter la pression artérielle et accélérer le rythme cardiaque et corriger la chute dangereuse de la tension.

 

Le saviez-vous ?

L'œdème de Quincke se reconnait par un gonflement au niveau de la tête, du cou, des muqueuses, difficultés respiratoires, et parfois symptômes digestifs. Le choc anaphylactique se traduit par des démangeaisons, urticaire, gonflement du visage et des lèvres, détresse respiratoire en rapport avec un œdème laryngé.

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Vivre avec une/des allergies alimentaires

Les allergies alimentaires peuvent vite altérer la qualité de vie. Manger à l’extérieur demande de la vigilance, de même que faire les courses.

L’éviction

Le traitement de l'allergie alimentaire repose sur l'éviction du ou des aliments identifiés par le bilan allergologique, d’où l’attention particulière au moment des courses. L'éviction peut être difficile. Certains allergènes se retrouvent dans de nombreux produits et peuvent être « masqués » comme l'arachide. Le degré d’éviction peut être fixé en fonction de la dose qui déclenche les symptômes. Trois situations sont possibles :

La non-exclusion de l’aliment caché

Si l’allergie alimentaire est déclenchée par une quantité importante d'aliment, on peut décider de la non-exclusion de l'aliment caché s’il est consommé sous formes de traces.

Une éviction stricte

Si le diagnostic est posé après un test de provocation avec un dosage très faible de l’aliment administré, une éviction stricte est nécessaire, même sous forme de trace.

Une tolérance perdue

En cas d’éviction stricte depuis plusieurs années, la tolérance peut être totalement perdue. Il devient nécessaire, pour consommer de nouveau l’aliment, de réaliser un test de provocation, même si la réaction allergique initiale a été identifiée suite à la prise d'une dose élevée de l'aliment.

L’éviction passe par la lecture des étiquettes

Il existe une liste des allergènes, qui, en fonction des évaluations scientifiques, est régulièrement revue. La règle en matière d’information du consommateur est que :

  • Tout allergène doit être clairement cité dans la liste des ingrédients. Les additifs comportant un allergène entant dans la fabrication d’un produit doivent être mentionnés de manière compréhensible.
  • Tout allergène entrant dans la composition des produits préemballés (biscuits, conserves, etc.) doit être mis en évidence sur la liste des ingrédients.
  • Pour les produits non emballés, les allergènes doivent figurer clairement par écrit au niveau des produits concernés, de sorte que l’information ne puisse échapper au consommateur.
  • Pour les traces fortuites, lorsque l’éviction totale est aléatoire dans les ateliers de production, l’étiquette doit porter la mention « peut contenir des traces de … » ou « est susceptible de contenir des traces … ». Sur avis médical, ces aliments peuvent être consommés en cas d’allergie peu sévère.

Faire ses courses demande donc d’être attentif à la liste des ingrédients. Elle peut toujours évoluer, ce qui signifie que même si l’on fait toujours les mêmes achats, un contrôle rapide mais systématique est opportun.

La trousse d’urgence

Elle doit-être, pour la sécurité de l’allergique, un compagnon du quotidien. Elle contient ce qui est nécessaire pour stopper la réaction, dès qu’elle survient. Elle est utilisable par l’allergique lui-même ou tout autre personne. Elle contient :

  • deux stylos auto-injecteurs d’adrénaline, prescrits par le médecin et adaptés à la corpulence de l’allergique. L’injection se fait dans la cuisse, à travers le pantalon.
  • un broncho-dilatateur
  • des antihistaminiques

Le contenu doit-être régulièrement vérifié et savoir utiliser ce qu’elle contient est indispensable. Le médecin prescrit et explique. En cas de réaction, l’utilisation du contenu de la trousse ne dispense pas de se rendre aux urgences.

Le PAI (Projet d’Accueil Individualisé) : pour les enfants en collectivité

C’est un document écrit précisant les adaptations à mettre en place pour l'enfant ou l'adolescent en collectivité (crèche, école, collège, lycée, centre de loisirs).

Il est établi sur demande de la famille et/ou du chef d'établissement avec l'accord de la famille. Il précise les dispositions dont doit bénéficier l'enfant ou l'adolescent par le biais d’une ordonnance du médecin.

 

Enfant ou adulte, vivre au quotidien avec des allergies alimentaires peut être source de stress, d’anxiété. Les associations de patients permettent aux familles concernées de partager leurs problématiques, d’échanger sur de nombreux domaines, d’être informées sur les nouvelles connaissances, les dispositions règlementaires, d’échanger des recettes, etc. Elles permettent de rompre l’isolement.

Certains hôpitaux, médecins, organisent des séances d’éducation thérapeutique, consistant à proposer des activités visant à mieux comprendre la maladie et à maintenir une bonne qualité de vie. Divers professionnels interviennent dans ces programmes : médecins, infirmiers, diététiciens, psychologues etc. Les médecins et agences régionales de santé peuvent renseigner sur les programmes existant dans les régions. Enfin, dans certains cas, il peut y avoir une corrélation entre allergies alimentaires et porosité intestinale. Prenez soin aussi de votre intestin !

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