
- Ma sécurité
Téléphoner, travailler ou conduire : il faut choisir
On le sait tous, le téléphone au volant est dangereux, donc interdit. Pour autant, trop pressés, trop bavards, les raisons d’outrepasser la règle sont nombreuses. Travailler en conduisant devient habituel. En bon professionnel, on appelle un client, un collaborateur, on participe à une réunion, on répond aux SMS au volant. A ces « bonnes » raisons s’ajoutent parfois le besoin de se distraire et le sentiment d’être meilleur conducteur que les autres. À retenir : 21 % des accidents mortels sur l'autoroute sont dus à l’inattention au volant, dont une part importante liée à l’utilisation du smartphone au volant.
Le téléphone au volant : quels sont les impacts et les risques sur la sécurité routière ? Que dit exactement la législation routière ? Quelles sont les sanctions et quels sont les conseils pour conduire en toute sécurité ?
Téléphone, écrans : quels impacts sur la conduite ?
Selon le baromètre de la conduite responsable 2023 de la Fondation VINCI Autoroutes, les comportements à risque liés à l'utilisation du smartphone au volant restent préoccupants.
En France, 74 % des conducteurs utilisent leur smartphone ou programment leur GPS en conduisant, et 62 % téléphonent au volant, dont 42 % régulièrement. Ces pratiques sont particulièrement répandues chez les moins de 35 ans, avec 78 % d'entre eux téléphonant en conduisant.
De plus, 23 % des moins de 35 ans admettent regarder des films ou des vidéos en conduisant. L'usage du Bluetooth est banalisé, 55 % des conducteurs téléphonant via ce système, et 67 % d'entre eux ne considèrent pas cette pratique comme dangereuse, bien que 15 % aient déjà eu ou failli avoir un accident à cause de l'utilisation du téléphone au volant.
La conduite distraite augmente significativement les risques : téléphoner au volant multiplie par 4 le risque d’accident de la route. Détourner le regard de la route réduit la vigilance et allonge le temps de réaction de 30 à 70 %, soit un passage de 1 à 1,7 seconde pour un conducteur distrait. À 50 km/h, la distance parcourue pendant ce temps passe de 14 à 23 mètres — un écart qui peut être fatal.
Quitter la route des yeux pendant 5 secondes multiplie par 23 le risque d’accident (NHTSA, 2023). Le champ de vision est réduit, la vigilance sur les angles morts diminue, ce qui expose davantage les piétons et les cyclistes.
L’utilisation du téléphone au volant peut entraîner des risques.
- Le non-respect des distances de sécurité et des priorités,
- Le dépassement des limitations de vitesse autorisées,
- Une déviation de trajectoire,
- Des difficultés d’insertion dans le trafic.
Ces comportements augmentent le stress et les tensions sur la route.
Enfin, selon les neurosciences, la distraction ne s’arrête pas immédiatement après avoir raccroché. Un conducteur reste distrait plusieurs secondes après la fin de son appel téléphonique.

En roulant à 50 km/heure, les 14 mètres normalement parcourus pendant le temps de réaction d’une personne attentive passent à 21 mètres. Ces 7 mètres d’écart peuvent être fatals, au conducteur, à ses passagers, à tout autre personne.
Quitter la route du regard pendant 5 secondes augmente par 23 le risque d’accident. Le téléphone au volant fait perdre au conducteur entre 30 et 50 % des informations liées à l’environnement, nécessaires pour une conduite en toute sécurité. On regarde moins les rétroviseurs, le champ de vision et la vigilance sur les angles morts sont réduits, ce qui induit que le cycliste ou le piéton qui arrive de façon intempestive peut ne pas être vu à temps.
Le téléphone au volant peut avoir d’autres conséquences dangereuses comme ne pas respecter les distances de sécurité, la signalisation, les limitations de vitesse, les règles de dépassement, dévier de sa trajectoire, créer des difficultés d’insertion dans le flux de circulation, refuser des priorités, etc.
Ces manquements et incivilités sont par ailleurs source de stress et de tensions, accentués en cas de conversations ou d’échanges houleux, ce qui est susceptible d’entraver un peu plus les règles de bonne conduite.
Selon une étude menée en neuroscience, la dangerosité tient aussi au fait que le conducteur reste distrait encore plusieurs secondes après avoir conclu sa conversation ou que ses consultations d’écran soient terminées.
Pourquoi de tels comportements ?
Le phénomène est profondément ancré dans la société : l'utilisation des smartphones et des appareils connectés est devenue une véritable addiction, avec une moyenne de 4h20 d'utilisation par jour. Dans ce contexte, leur usage au volant tend à être perçu comme une pratique banalisée. Par ailleurs, une autre croyance répandue repose sur l'idée que conduire ne nécessite pas une attention constante.
De nombreux gestes, comme passer une vitesse, s'effectuent de manière quasi automatique, transformant la conduite en une suite d'habitudes inconscientes. Ainsi, l'usage du téléphone en voiture s'accompagne d'une absence de perception de la perte d'attention et du niveau de vigilance nécessaire à la conduite.
Sur les longs trajets autoroutiers comme dans les déplacements quotidiens, la monotonie peut susciter un besoin de distraction. Il arrive même que l'on ressente une impression de "pilotage automatique", arrivant à destination sans avoir véritablement conscience du trajet parcouru. Pourtant, même si la mémoire n'enregistre pas chaque instant, le cerveau continue à capter les informations en continu, ce qui souligne l'importance de maintenir son regard sur la route.
Un autre facteur entre en jeu : l'autocomplaisance. Chacun a tendance à minimiser ses propres erreurs et à percevoir les comportements dangereux comme étant ceux des autres. Ce biais psychologique bien connu pousse à attribuer ses réussites à soi-même tout en imputant les erreurs aux autres, renforçant ainsi une illusion de maîtrise qui peut s'avérer dangereuse sur la route.
Téléphone, GPS et autres écrans, quelles règles, quelles sanctions ?
La règlementation est claire, pas de téléphone au volant.
Pour téléphoner en conduisant, il faut disposer d’un kit sans fil bluetooth. Pour les motos, le principe est identique, il faut un kit bluetooth intégré au casque. Même avec ce dispositif, le conducteur peut être tenu responsable et poursuivi en cas d’accident s’il est rapporté que son utilisation a entrainé de l’inattention. Le kit main libre, les écouteurs, oreillettes, sont donc interdits et même pour les 2 roues : moto, scooter, vélo.
S’arrêter sur le bord de la route pour téléphoner est également interdit. A l’arrêt, même avec les warnings, le véhicule est toujours considéré en circulation, et le conducteur passible des mêmes sanctions. Pour téléphoner, il faut se garer sur un parking, ou sur une aire d’autoroute, en aucun cas, sur la bande d’arrêt d’urgence.
Les sanctions pour ceux qui téléphonent au volant
Dans ces différentes situations, téléphoner en conduisant, utiliser des oreillettes, être arrêté sur le bord de la route, donnent lieu à :
- Une amende de 135 €
- Un retrait de 3 points sur le permis de conduire.
Avoir en main son téléphone, sans téléphoner, et commettre une autre infraction peut entrainer une suspension de permis de 6 mois. En cas de dommages corporels, la suspension peut être d’un an. Dans les cas les plus graves, les faits peuvent être requalifiés en délit, avec amende de 15 000 à 150 000 euros, retrait du permis, peine de prison.
L'utilisation du GPS
L’utilisation du GPS est bien sûr autorisée et pour plus de sécurité, il doit être situé le plus près possible du champ de vision, sans obstruction de la visibilité sur la route. La loi est claire et interdit de regarder un écran qui ne constitue pas une aide à la conduite. L’utilisation de tout autre écran est donc interdite pour le conducteur, sous peine d’une saisie possible de l’appareil, de 1500 euros d’amende et du retrait de 3 points du permis.
Quelles recommandations pour éviter le smartphone au volant ?
La sécurité passe par une conduite vigilante et des comportements responsables. On conduit ou on utilise son téléphone.
Comment fait-on ?
Avant le départ :
- On passe ses coups de fil importants, on consulte ses e-mails, sa messagerie et éventuellement on y répond.
- On fait les réglages du GPS.
- On éteint son mobile ou on le règle en mode avion.
- Si on est accompagné, on peut laisser le passager répondre si un appel arrive. S’il ne peut répondre, on applique la recommandation précédente.
- Il est possible de télécharger des applications « mode conduite ». Elles permettent de délivrer un message à ceux qui appellent pour leur signifier que la personne contactée est au volant.
Lors des pauses, une fois stationné, on peut utiliser son téléphone mais si l’interlocuteur est lui en train de conduire, on met immédiatement fin à la conversation. Si les réglages du GPS doivent être ajustés, on profite des pauses ou on se gare sur un parking. Il y a une solution radicale : mettre le téléphone dans le coffre.
Le droit à la déconnexion
Laisser son téléphone le temps de ses déplacements présente divers avantages, au-delà de l’aspect sécuritaire.
D’abord, parce qu’il n’est pas facile de se « déconnecter », même si c’est indispensable. Le temps de conduite en est l’occasion. Entre les innombrables sollicitations, notre esprit a besoin de faire des pauses.
Devant les objectifs de performance et d’anticipation, nous pensons que notre présence physique et virtuelle est nécessaire tout le temps, partout, avec tout le monde.
Ensuite, parce que notre préoccupation à être « multitâches / multifonctions » nous éloigne de l’expérience d’être dans le moment présent, de vivre pleinement la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Conduire est l’occasions d’être présent dans « l’ici et maintenant ». Perdre cette capacité, c’est prendre le risque de se perdre soi-même.